De plus en plus d’entreprises introduisent les concepts d’Industrie 4.0. En ce qui concerne les services bancaires aux entreprises, les banques et les caisses d’épargne doivent réfléchir au rôle qu’elles veulent jouer dans les réseaux de création de valeur numérique émergents de l’industrie.

Outre les effets du virus Corona, l’industrie allemande est confrontée à au moins deux perturbations qui se renforcent mutuellement :

  • L’un d’eux est la décarbonisation et la mise en œuvre d’autres concepts de durabilité,
  • D’autre part, la numérisation complète des entreprises et, surtout, des processus de production, qui peut être décrite par les mots à la mode « Industrie 4.0 » ou l’Internet des objets (IoT).

Sommaire

Industrie 4.0 réseaux machines

Sur la base des systèmes DLT (technologies de registres distribués – blockchain), la grande industrie construit dans ce contexte ce que l’on appelle des écosystèmes numériques – ou plutôt : des réseaux numériques de transaction et de création de valeur – auxquels les fournisseurs devront s’arrimer à l’avenir.

En gros, le concept d’industrie 4.0 signifie la mise en réseau des machines par des systèmes cyber-physiques : Les données des machines sont collectées et lues par des capteurs installés sur les machines et des « jumeaux numériques » d’actifs et d’objets réels sont créés. Ces jumeaux numériques représentent en quelque sorte des « fichiers numériques » d’objets réels.

Les données de masse qui en résultent (Big Data) sont ensuite stockées dans ce qu’on appelle des lacs de données – des systèmes de stockage des données brutes d’une entreprise – qui représentent la quasi-mémoire du monde numérique. Ces lacs de données peuvent à leur tour être transférés vers des « nuages de données », c’est-à-dire des capacités de stockage et de calcul fournies par l’internet.

La blockchain, un outil de comptabilité pour l’industrie 4.0

Les méthodes d’intelligence artificielle (IA), en tant que cerveaux du monde numérique, analysent les données, créent des prévisions, augmentent les potentiels d’efficacité et contribuent au développement de nouveaux modèles d’entreprise. Les fournisseurs de services en nuage qui stockent les données proposent aux entreprises clientes des applications d’IA correspondantes pour analyser les données sous forme d’applications.

Pour garantir que les flux de données entre les machines sont sécurisés, ils peuvent être sécurisés par DLT. Les systèmes DLT peuvent être compris comme des bases de données distribuées de manière décentralisée sur Internet et relativement inviolables. Ils représentent la comptabilité du monde numérique, pour ainsi dire. Ils permettent notamment un transfert sécurisé de valeurs sur Internet par le biais de jetons.

Les DLT créent ainsi la possibilité d’effectuer des micropaiements entre machines pour des services individuels. La DLT représente non seulement la couche de sécurité des données dans l’industrie 4.0, mais aussi le lien entre l’économie réelle et l’économie financière.

Écosystèmes numériques de l’industrie 4.0

L’industrie à grande échelle met en place des réseaux de transactions numériques, appelés écosystèmes, basés sur la DLT. Les écosystèmes numériques sont des communautés d’acteurs divers qui évoluent de manière dynamique, forment des marchés et créent de la valeur dans le cadre d’un modèle commercial commun en utilisant un ensemble commun de ressources (par exemple, via une plateforme) et en adhérant à des valeurs communes (gouvernance).

Afin que les objets puissent agir de manière autonome au sein de ces systèmes et que des règlements puissent avoir lieu entre eux, des systèmes de paiement numériques sont développés en même temps pour eux. La DLT permet de calculer, de facturer, de régler et de comptabiliser en temps réel des transactions financières de faible ampleur entre des participants interagissant de manière décentralisée.

Questions stratégiques pour les banques

Dans ce contexte, il sera probablement essentiel pour les banques de s’arrimer aux écosystèmes de l’industrie 4.0. Les tâches traditionnelles des intermédiaires vont changer du fait de la DLT, de nouveaux rôles vont apparaître et les applications logicielles vont devenir beaucoup plus importantes. La DLT est donc une grande opportunité pour l’industrie financière de créer de nouveaux modèles d’affaires.

Les systèmes DLT modifient fondamentalement les tâches de base du secteur financier. La tokénisation est le processus de mappage numérique d’un actif réel existant sur un DLT. Les systèmes DLT permettent de tokeniser les titres ex post, c’est-à-dire de les cartographier numériquement, et en même temps de créer des actifs numériques sui generis (« natifs »).

Les systèmes DLT permettent également de programmer la monnaie numérique. À long terme, de la monnaie numérique de banque centrale (CBDC) ou de la monnaie numérique privée (par exemple, le Libra Coin de Facebook) pourraient être disponibles à cette fin, soit sous la forme d’un compte numérique auprès d’une banque centrale, soit sous la forme d’une crypto-monnaie sur une plateforme DLT qui pourrait être utilisée pour les transactions de paiement dans les systèmes IoT.

Afin de permettre les micropaiements entre machines et objets, il faut d’abord créer des identités numériques pour ces entités. Les institutions financières se voient confier de nouvelles tâches en tant que dépositaires d’actifs numériques (garde) ainsi que producteurs et administrateurs d’identités numériques.

Les banques doivent se positionner dans les écosystèmes

Pour les banques, une question cruciale est désormais de savoir comment elles se positionnent dans ces écosystèmes par rapport à l’IoT. Car non seulement les banques industrielles représentent des concurrents potentiels dans ces systèmes, mais aussi les entreprises technologiques. La nouvelle concurrence potentielle des sociétés de logiciels découle des avantages de coût de ces dernières. Tout d’abord, parce que la création d’une banque coûte cher, alors que la création d’une société de logiciels est relativement bon marché. Les fournisseurs de cloud computing facilitent également la création d’une société de logiciels, et l’ajout de services FinTech au portefeuille d’une entreprise est également relativement bon marché.

Conclusion : les banques doivent investir dans les nouvelles technologies

Dans ce contexte, les banques traditionnelles, en particulier, doivent veiller à ce que les tâches futures, telles que l’organisation des opérations de paiement dans les réseaux de l’industrie 4.0, ne leur soient pas confisquées par des entreprises technologiques ou des banques sectorielles de groupes industriels, de sorte que, dans le cas extrême, il ne leur reste plus que des services de réglementation.

Les banques doivent donc investir encore plus qu’avant dans leurs connaissances et capacités technologiques afin d’être en mesure d’accompagner la transformation numérique des PME en particulier dans les années à venir. En effet, il faut s’attendre à ce qu’il y ait, dans les prochaines années, une fenêtre de temps au cours de laquelle les fournisseurs se verront offrir par les grandes entreprises la possibilité de s’arrimer à leurs systèmes DLT.