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Open Hardware : La conception de puces financée par l’argent des contribuables devrait être divulguée

La semaine prochaine, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton présentera le projet de l’institution gouvernementale bruxelloise pour la loi tant attendue sur les puces. Selon les informations, 12 milliards d’euros devraient ainsi être investis dans le programme « Puces pour l’Europe », avec lequel l’UE veut soutenir d’ici 2030 des projets pilotes dans le domaine des semi-conducteurs, la conception de puces ainsi que les techniques quantiques correspondantes. Les États membres de l’UE ont déjà promis environ 30 milliards d’euros pour des projets communs importants dans le domaine des semi-conducteurs.

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Des activistes de l’open source, des entrepreneurs et des scientifiques se mobilisent désormais pour que l’attribution de l’argent de l’État soit en partie soumise à des conditions. Il s’agit d’ouvrir une partie de la chaîne de production des puces, a expliqué vendredi le hacker de Xbox Andrew « bunnie » Huang, qui s’engage depuis longtemps dans le domaine du matériel ouvert, lors du sommet virtuel EU Open Source Policy Summit organisé par OpenForum Europe. Si les développements sont financés par l’argent des contribuables, les chercheurs et les programmeurs devraient être autorisés à utiliser et à réutiliser les résultats.

La pratique des accords de confidentialité (NDA), très répandue dans l’industrie des semi-conducteurs, doit être brisée, a souligné le programmeur. C’est la seule façon d’abaisser la barrière d’entrée pour une fabrication ouverte de puces.

Concrètement, Huang s’est surtout prononcé en faveur de kits de conception de processus (PDK) ouverts. Ces fichiers constituent la base de la modélisation d’outils jusqu’ici coûteux, utilisés pour concevoir un circuit intégré. Google et Skywater Technology Foundry ont déjà entamé un certain processus d’ouverture en 2020 en permettant aux universités, aux start-ups et aux makers de fabriquer leurs propres puces sous certaines conditions.

Dans l’ensemble, un accès beaucoup plus ouvert est nécessaire dans cet écosystème, a souligné Huang. Le niveau de conception des usines de puces pourrait être un bon début, mais il faudrait aussi ouvrir le processus de « packaging », c’est-à-dire le mariage de puces de silicium avec des supports, qui se fait actuellement le plus souvent en Asie du Sud-Est. Les thèmes de la conférence ont été marqués par des slogans tels que « Public money, public PDK ». Ils faisaient ainsi référence à la campagne open source « Public money, public code », selon laquelle les logiciels financés par l’argent des contribuables doivent être libres et réutilisables.

Ebrahim Bushehri, chef de la société britannique Lime Microsystems, s’est également prononcé en faveur d’une plus grande ouverture des techniques et des outils de production de semi-conducteurs, tels que l’Electronic Design Automation (EDA), pour la création automatisée de projets de puces. Ce marché, qui entraîne la fabrication de semi-conducteurs d’une largeur de structure inférieure à 10 nanomètres (nm), est actuellement dominé par des entreprises américaines comme Cadence et Synopsis.

Lime lui-même est en train de « démocratiser » l’infrastructure de la téléphonie mobile jusqu’au niveau des puces avec des initiatives comme Myriad-RF ou LimeNET, a expliqué Bushehri. Pour les FPGA programmables sur place, l’ouverture du processus de conception a déjà bien fonctionné depuis 2015. Depuis les années 1980 déjà, des projets comme Eurochips et l’Interuniversity Microelectronics Centre (IMEC) ont été lancés dans ce but sur le Vieux Continent.

Mais l’EDA est d’un autre calibre, a fait remarquer l’expert. La technologie est actuellement très chère, évolue rapidement et est de plus en plus liée à l’intelligence artificielle (IA). Dans ce domaine, il faudrait donc que la communauté fasse « des efforts nettement plus importants ». Pour l’Europe, les puces de plus de 10 nm sont également plus importantes, car elles sont suffisantes pour les voitures et l’architecture Internet sans fil. Dans le domaine de la haute technologie en dessous de 2 nm, l’UE devrait en outre être en concurrence avec Taïwan et la Corée du Sud, ainsi qu’à l’avenir avec la Chine, qui a mis de côté environ trois billions de dollars US pour développer ses propres capacités. Or, il n’y a guère d’acheteurs pour ces puces de pointe en Europe.

Luca Benini, professeur de circuits numériques à l’EPF de Zurich, estime que la plus grande valeur pour le Vieux Continent « ne réside pas dans les puces de plusieurs milliards de dollars, mais dans la gamme moyenne ». Dans ce domaine, l’Open Hardware est « prêt à partir ». Les législateurs de l’UE devraient donc ouvrir la porte avec des directives intelligentes pour la conception de processeurs ouverts. De là, on pourrait s’attaquer à l’EDA et aux PDK. L’essentiel est « d’utiliser correctement les ressources pour atteindre une masse critique ».

La Commission européenne doit se demander si elle veut remédier à la pénurie actuelle de puces ou établir une production de semi-conducteurs à la pointe de la technologie en Europe, a ajouté Julia Hess de la fondation Neue Verantwortung. Les institutions européennes sont souvent à la pointe de la recherche dans le domaine des semi-conducteurs. Le meilleur moyen de mettre en œuvre ce savoir-faire est de coopérer au niveau international avec des pays partageant les mêmes idées. Étant donné que la fabrication de puces dépend d’une chaîne d’approvisionnement mondiale complexe et d’une très grande division du travail, des goulots d’étranglement peuvent toujours survenir, malgré tous les efforts déployés pour remédier à la situation, par exemple en raison d’une pandémie entraînant une demande accrue d’électronique grand public ou de catastrophes locales.

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