AccueilActualités informatiqueCensure et désinformation dans la guerre en Ukraine

Censure et désinformation dans la guerre en Ukraine

Le libre accès à l’information est particulièrement difficile en temps de guerre. Le classement de Reporters sans frontières (RSF) donne un indicateur important de la liberté de la presse : la Russie se classe 150e sur 180, loin derrière l’Ukraine, 97e. Dans les deux pays, la liberté de la presse n’est pas très bonne et même l’Allemagne (13e) ne reçoit que la note Satisfaisant de RSF. C’est pourquoi il est important, pour évaluer la situation dans la guerre en Ukraine, d’analyser le plus grand nombre possible de sources, c’est-à-dire, outre l’allemand, l’ukrainien, le russe et l’international, que Google Translate traduit de manière compréhensible.

Aric Toller de l’association de recherche britannique Bellingcat s’oppose à une condamnation globale de tous les médias russes. Dans son article « How (not) to Report on Russian Disinformation », Toller souligne l’hétérogénéité du paysage médiatique en Russie et classe des publications telles que Novaya Gazeta, Meduza, Wedomosti et Kommersant parmi les sites web critiques envers le Kremlin.

En Russie, la loi n° 327-FZ exige des médias enregistrés ou financés à l’étranger qu’ils signalent les articles par la mention « Cette nouvelle a été publiée par un média étranger agissant en tant qu’agent étranger ». […] diffusé ». Les médias qui ne s’y conforment pas ou qui, selon l’autorité de surveillance des médias Roskomnadsor, diffusent de « fausses informations », risquent de lourdes amendes, voire des blocages sans décision de justice. C’est le cas du magazine en ligne The Village, de la chaîne de télévision Doschd et de la station de radio Echo Moskwy.

Le musellement d’Echo Moskvy, dont l’actionnaire majoritaire est la holding Gazprom-Media, a même été rapporté par la chaîne russe RT DE, qui a cité Novaïa Gazeta en parlant de « censure militaire » – un signe que même les publications financées par l’Etat russe s’écartent de la ligne du Kremlin et utilisent des possibilités de reportages critiques.

Mais la présence en ligne d’Echo Moskvy n’a pas seulement été bloquée par Roskomnadzor en raison de la prétendue diffusion de fausses informations sur la guerre en Ukraine. YouTube a également bloqué la chaîne dans l’UE, sans donner de raison. Peu avant la clôture de la rédaction, le conseil d’administration de la chaîne a annoncé sa dissolution via la plateforme Telegram.

Sommaire

Ce n’est pas le seul exemple de blocage de médias russes dans l’UE. Après l’annonce par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de l’interdiction des chaînes publiques russes RT DE et Sputnik dans toute l’UE, diverses plateformes de médias sociaux ont également bloqué les canaux des chaînes ou, comme Meta, ont au moins limité leur portée et bloqué les recettes publicitaires. Même TikTok, du groupe chinois ByteDance, a bloqué RT DE et Sputnik en Europe.

Reporters sans frontières a condamné cette interdiction, bien qu’elle considère les deux chaînes comme des chaînes de propagande. « L’influence de ces médias sur la formation de l’opinion en Europe est limitée, mais les contre-mesures russes attendues pourraient rendre difficile, voire impossible, une couverture indépendante de la Russie », a déclaré Christian Mihr, directeur général de RSF.

Pour le gouvernement ukrainien, les blocages ne vont pas assez loin. Il a demandé à l’ICANN, le gestionnaire du réseau, de bannir la zone d’adresses .ru de la structure d’Internet. En outre, le RIPE NCC devrait retirer les adresses IP des fournisseurs russes. L’ICANN et le RIPE NCC ont rejeté la demande : « Il est impératif que le RIPE NCC reste neutre et ne prenne pas position dans les désaccords nationaux, les conflits internationaux ou la guerre », a déclaré le conseil exécutif dans une résolution. Un blocage séparerait la population russe des sources d’informations scientifiques telles que l’Institute for the Study of War (understandingwar.org) et la base de données en ligne reliefweb.int, sur laquelle l’ONU publie quotidiennement des rapports de situation vérifiés sur la guerre en Ukraine.

Bellingcat préfère d’autres méthodes à la censure mutuelle. Pour démasquer la désinformation ciblée, les journalistes d’investigation misent sur OSINT (Open Source Intelligence). Pour ce faire, ils utilisent des sources d’information librement accessibles au public afin de vérifier la véracité des informations, des images et des vidéos. La recherche inversée de Google permet par exemple de vérifier si des images ont été recyclées à partir d’un contexte plus ancien, en en déformant le sens. Il est même arrivé que des vidéos tirées de jeux vidéo et censées simuler des scènes de combat réelles apparaissent dans les médias sociaux.

YouTube-Sperren in Europa treffen auch kritische russische Medien wie den Radiosender Echo Moskwy.,

Les blocages de YouTube en Europe touchent également des médias russes critiques comme la station de radio Echo Moskvy.

Bellingcat propose également des initiations et des cours pour OSINT. Pour se former à la recherche d’images, les personnes intéressées peuvent par exemple participer à des concours ludiques via Twitter.

Plus d’informations

Blocage des réseaux

  • Règlement de l’UE sur le blocage de RT DE et Sputnik (Peu après la clôture de la rédaction, le site web et le canal Telegram de RT DE n’étaient également plus accessibles depuis l’Allemagne).
  • .de : ARD et ZDF suspendent leurs reportages en Russie (Peu après la clôture de la rédaction, la Russie a adopté une nouvelle loi qui augmente drastiquement les sanctions contre les reportages non conformes au Kremlin).
  • Reporters sans frontières : Commentaire sur l’interdiction de RT DE et Sputnik par l’UE
  • .de : Kiev demande l’expulsion de la Russie d’Internet
  • Bellingcat : Comment (ne pas) signaler la désinformation russe

Reporters sans frontières

  • Reporters sans frontières : Classement de la liberté de la presse
  • Reporters sans frontières : Situation en Ukraine
  • Reporters sans frontières : Situation en Russie

Informations sur la situation de la guerre en Ukraine

  • Rapports de situation du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) sur l’Ukraine
  • Institute for the Study of War : Rapport sur la guerre en Ukraine (Conflict Assassment 13

Outils de recherche

  • Psiphon (réseau de proxys gratuits de l’université de Toronto pour contourner les blocages régionaux).
  • Mullvad VPN (réseau de serveurs VPN anonymes, 5 euros par mois, n’évalue pas le trafic contrairement aux VPN gratuits).
  • Select : Comparaison des fournisseurs VPN de c’t
  • Google Translate pour les sites web
  • Outils OSINT – Compilation de Julia Bayer
  • Cadre OSINT
  • Bellingcat : Introduction à OSINT
  • Bellingcat : Un guide du débutant pour la vérification des médias sociaux
  • Quiztime sur Twitter (jeu de recherche d’images)
  • Geoguessr (jeu de localisation)

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